Raoul Diagne, né le 10 novembre 1910
à Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane, et mort le 12 novembre 2002
à Créteil,
est un joueur international de football et un entraîneur français. Raoul pouvait évoluer à
n'importe quel poste sur le terrain, gardien de but inclus. Malgré sa taille
imposante (1,87 m), son style aérien lui vaut le
surnom d'araignée. Sa zone de jeu de prédilection reste l'aile droite, et c'est
au poste de défenseur latéral droit très offensif qu'il fait principalement
carrière en équipe de France. Il n'était pas rare
de voir Raoul échanger son poste avec son ailier droit afin d'aller chercher un
résultat en fin de partie. C'est lui qui marque ainsi les premiers buts du
Racing en championnat de France professionnel. Dix-huit fois sélectionné en équipe de France, il participe à la Coupe du monde 1938. En club, il
gagne le titre de champion de France 1935-1936 et les Coupes
de France 1936, 1939 et 1940 avec le Racing.
Cool Raoul
Le nombre de joueurs de couleur en équipe de France
est, depuis quelques années, sujet à polémique. Pour certains, les Bleus, trop
« blacks », ne reflètent pas la réalité de la démographie française.
Pourtant, en 1931, lorsque Raoul Diagne devient le premier noir à porter le
maillot frappé du coq, personne n’avait véritablement été choquée. Il faut dire
que le jeune homme était issu de la haute société sénégalaise. Portrait.
Né le 10 novembre 1910 à Saint-Laurent-du-Maroni en
Guyane, Raoul Diagne est le fils de Blaise Diagne, homme politique sénégalais
qui fut le premier député africain élu à l’Assemblée nationale française et le
premier noir à la tête d’un ministère, celui des colonies. Le jeune Raoul
commence le football à l’âge de 13 ans au Stade Français. Puis il rejoint le
Racing Club de France.
Il entre dans l’histoire le 15 février 1931 en
devenant le premier noir à être sélectionné avec les Bleus. La France perd 2
buts à 1 face à la Tchécoslovaquie à Colombes. Mais, la défaite n’a pas grande
importance. Raoul Diagne vient d’ouvrir les portes de l’équipe nationale à tous
les Français d’origine africaine. Et, contrairement à la sélection du premier
joueur noir en équipe d’Angleterre ou l’alignement du premier afro-américain en
ligue majeure de baseball (MLB), cela provoqua très peu de réactions négatives.
La France plus tolérante que l’Angleterre ou les
Etats-Unis
Le 15 avril 1947, les Dodgers de Brooklyn alignent,
pour la première fois dans l’histoire de la MLB, un joueur de couleur.
Auparavant, les propriétaires s’appuyaient sur des décisions de la Cour Suprême
des Etats-Unis pour interdire les noirs dans leurs franchises. Certains
Américains sont sous le choc, mais Jackie Robinson devient une icône de la
cause égalitaire. En 1997, 25 ans après sa mort, son numéro, le 42, est retiré
de l’ensemble des équipes de la MLB, ce qui est un honneur unique. Depuis 2004,
la ligue lui rend hommage tous les 15 avril avec le « Jackie Robinson
day ».
Dans les années 20, Jack Leslie, attaquant de Plymouth
Argyle, est appelé en équipe d’Angleterre. Mais, la fédération annule sa
convocation lorsqu’elle réalise qu’il s’agit d’un homme de couleur ! C’est
finalement l’ancien latéral droit de Nottingham Forest, Viv Anderson qui aura
l’honneur de rentrer dans l’histoire. Le 29 novembre 1978, à Wembley, une
nouvelle fois contre la Tchécoslovaquie, il est le premier noir à porter le
maillot des Three Lions. Cette sélection fut très controversée et jugée
politique par l’ensemble des média britanniques.
Raoul Diagne a donc été un précurseur. Il faut
néanmoins noté qu’en tant que fils de ministre de la République française,
l’intégration fut plus facile pour lui.
Professionnalisme et premiers titres
Un an après sa première sélection, Raoul franchit le
pas du professionnalisme. Lors de la première journée du premier championnat de
France de football professionnel, il marque les deux buts qui permettent au
Racing Club de Paris (RCP) de battre Hyères Football Club 2 à 1 au stade Jean
Bouin. Le RCP termine à la 3ème place du groupe A derrière
l’Olympique Lillois, futur champion, et l’Olympique de Marseille.
Au début de la saison 1935-1936, Diagne, pourtant
défenseur, évolue au poste de gardien de but. Il y remplace la star de la
Wunderteam(1) autrichienne, Rudi Hiden. Acheté 80 000 francs au
Wiener AC deux ans plus tôt. Hiden, en désaccord financier avec le président du
RCP, Jean-Bernard Lévy (à ne pas confondre avec l’actuel président du directoire
de Vivendi), préfère rester en vacances en Autriche. Grand passionné de
football et homme d’affaires prospère, Lévy n’hésitait pourtant pas à mettre la
main au portefeuille pour soutenir son club. Pour preuve, mort sur le champ de
bataille en 1940, il lui léguera une forte somme d’argent. Mais, avec Hiden, il
ne cède pas et le portier autrichien rentre à Paris au bout de six mois de
négociations. Diagne reprend sa place en défense et le RCP réalise le doublé
Coupe-Championnat.
Coupe du Monde 1938 et fin de carrière
Absent du mondial italien en 1934, Raoul participe à
l’épreuve en France quatre ans plus tard. Les Bleus échouent en quart de finale
contre le tenant du titre et futur vainqueur, la Squadra Azzura de Vittorino
Pozzo.
Diagne regagne deux coupes de France avec le RCP. En
1939, les Parisiens battent Lille 3 buts à 1 en finale. En 1940, plusieurs
joueurs, dont Raoul, bénéficient d’une permission exceptionnelle du fait de la
mobilisation générale pour jouer la finale contre Marseille. Le RCP l’emporte
2-1 et, cinq jours plus tard, c’est le début de l’invasion allemande.
Diagne joue à Toulouse pendant la guerre. En 1944, il
signe un dernier contrat de deux ans pour jouer à Annecy, puis prend sa
retraite à l’âge de 36 ans.
Il commence alors une carrière d’entraîneur. Après
plusieurs expériences dans des clubs d’Afrique Occidentale Française, de
Belgique et d’Algérie, il prend en main la toute jeune équipe nationale du
Sénégal qui vient d’obtenir son indépendance. Avec lui comme sélectionneur, les
Lions de la Terenga vont battre pour la première fois de leur histoire l’équipe
de France sur un score de 2 buts à 0. C’était en 1963, lors des Jeux de
l’Amitié, bien avant l’exploit de la Coupe du Monde 2002. Un exploit que Diagne
aura eu l’honneur de vivre quelques mois avant sa mort, le 10 novembre de la
même année à Créteil. Les autorités sénégalaises rendirent alors un vibrant
hommage au père de leur football.
(1) De 1928 à 1933, l’Autriche est certainement la
meilleure nation européenne du football. La sélection est si impressionnante
qu’on la surnomme Wunderteam, équipe de rêve.
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